dimanche 9 mars 2014

8 mars 2014 Journée de la femme et anniversaire de Cécile Gédéon partie il y a presque 1 an

Stop violence against women !
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La Libanaise célèbre une énième journée internationale sans droit de transmettre sa nationalité

JOURNÉE DE LA FEMME
La campagne « Ma nationalité pour moi et ma famille » reste active malgré la conjoncture politique peu favorable. Un grand nombre de ses militants seront présents aujourd'hui à la marche organisée par Kafa.
08/03/2014
« J'ai donné la vie à mes enfants au Liban. Je les ai portés neuf mois dans mon ventre, ils ont hérité de moi bien plus que de leur père. Or je n'ai pas le droit de leur transmettre ma nationalité, alors que mon frère, s'il épouse une étrangère, le fait en un an à peine. Pourquoi ? Qu'a-t-il de plus que moi ? » Ce cri de révolte est celui de Randa Awada, mère de quatre enfants d'un époux pakistanais (qui vit au Liban depuis 45 ans), contre la loi libanaise sur la nationalité qui n'accorde le droit de sa transmission qu'aux hommes. Les enfants de Randa sont toujours à l'école, mais déjà, certains de leurs camarades les traitent d'« étrangers » alors qu'ils ont vécu toute leur vie dans ce pays.

Nadira Nahas n'avait jamais senti le poids que pèserait sur ses deux fils, d'un père américain, son impossibilité à leur transmettre la nationalité de son pays. « Aujourd'hui, mon aîné a 24 ans, il termine des études de médecine à l'AUB, et le premier obstacle auquel il fait face en tant que non-libanais est son incapacité à s'inscrire à l'ordre des médecins et à pratiquer son métier au Liban, déplore-t-elle. Mon cadet qui a 18 ans veut devenir pilote, or la compagnie nationale, la MEA, n'engage que des pilotes libanais. Je n'ai jamais voulu décourager mes fils à suivre les études de leur choix rien que parce qu'ils n'ont pas la nationalité. Mais tout cela est très injuste, ils sont de mère libanaise ! »



Pour Ghada Kaakani, la solution aux problèmes qui rendaient la vie impossible à ses quatre enfants de père palestinien a été radicale : ils sont désormais tous émigrés. « Mes filles aînées, qui n'ont eu la nationalité qu'après leur mariage avec des Libanais, avaient fait face auparavant à de nombreux problèmes au travail, raconte-t-elle. L'aînée a vu des portes se refermer à maintes reprises parce qu'elle est palestinienne. La cadette a enseigné dans plusieurs écoles, elle cotisait à la Caisse nationale de Sécurité sociale sans profiter des services. Les garçons ont dû quitter le Liban pour se construire un meilleur avenir. » Et ce n'est pas tout. « Je ne peux pas léguer mes biens, qui me viennent de mon mari, à mes enfants en raison de l'interdiction du droit à la propriété imposée aux Palestiniens, et cela est, pour moi, un grand motif d'inquiétude », poursuit-elle.

Comme le montrent ces témoignages, les soucis des Libanaises mariées à des étrangers ne se limitent pas à la nécessité de renouveler un permis de séjour aux membres de leur famille chaque quelques années. Le texte de loi sur la nationalité, datant de 1925, omet tout simplement d'évoquer la femme et stipule que « tout homme libanais qui épouse une femme étrangère peut lui transmettre sa nationalité » au bout d'un an, sans aucune autre condition. Ce qui met les Libanaises concernées dans une colère sans nom. « Pourquoi autant de discrimination dans la loi ? s'écrie Nadira Nahas. Le Liban a pourtant ratifié la Cedaw (Convention sur l'élimination de toutes sortes de discrimination contre les femmes) en 1995, mais n'a toujours pas levé la réserve sur la transmission de la nationalité. »

 

Ghada Kaakani, elle-même mariée à un Palestinien qui est au Liban depuis son tout jeune âge, balaie d'un geste le fameux prétexte de peur de l'implantation qu'on dresse, selon elle, comme un épouvantail pour refuser ce droit aux femmes. « Nous sommes à peine 6 000 Libanaises mariées à des Palestiniens, dit-elle. Et nos enfants sont attachés au Liban. Les unions avec des hommes d'autres nationalités sont bien plus nombreuses. »
« Le droit de transmettre la nationalité est un droit acquis, l'État ne devrait pas le considérer comme une faveur à faire aux femmes », s'insurge Randa Awada.
Une situation stagnante
Un droit acquis. C'est sur cette idée qu'est fondée la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille », lancée depuis plusieurs années déjà. La dernière tentative de faire adopter un projet de loi équitable sur la transmission de la nationalité en Conseil des ministres remonte à un an à peu près, à la veille de la démission du cabinet Mikati : il s'est heurté à un rapport négatif publié par une commission ministérielle chargée de l'examiner. Depuis, plus grand-chose ne s'est passé, mais les militants de la campagne ne chôment pas pour autant, comme nous l'indique Karima Chebbo, responsable de cette campagne au Collectif de recherche, de formation et de développement – Action (CRTDA).

« La campagne se poursuit quelles que soient les priorités des politiques, souligne Karima Chebbo. On s'étonne que nous continuions à soulever ce problème dans le cadre d'une telle situation sécuritaire. Or une manifestation que nous avons organisée en novembre a prouvé que l'intérêt pour de tels sujets ne se dément pas, à en juger par le millier de manifestants qui ont répondu à l'appel et la couverture médiatique importante. »



Selon la jeune femme, les militants de la campagne ne placent pas beaucoup d'espoir dans le nouveau gouvernement, vu son caractère temporaire, mais envisagent quand même des contacts avec les nouveaux ministres. « La commission ministérielle qui a publié un rapport si négatif la dernière fois n'a présenté aucun argument solide pour étayer son refus, toujours la même bonne vieille rengaine sur le changement démographique, dit-elle. Or de toute façon, la revendication porte sur un droit de la femme libanaise et n'est en aucun cas liée à des statistiques sur la nationalité du mari. »
Karima Chebbo souligne par ailleurs que la campagne n'est pas hostile aux garde-fous dans la loi sur la nationalité, mais refuse le principe des exceptions. « Notre projet de loi ne comporte aucune exception, ni celle de limiter la transmission de la nationalité aux enfants sans le mari, ni celle de priver certaines nationalités de ce droit », explique-t-elle.

La campagne a organisé récemment une série d'assemblées générales dans les régions afin d'entrer en contact avec les femmes concernées sur tout le territoire. De plus, la campagne mobilise ses troupes en prévision de la marche de Kafa pour dénoncer la violence contre les femmes, qui a lieu aujourd'hui 8 mars, du secteur du Musée jusqu'au ministère de la Justice.


Lire aussi
Habla con ella(s), l'article de Ziyad Makhoul
Pour les femmes du Liban, l'article d'Anne-Marie el-Hage
Nous sommes toutes des salopes, la rubrique de Médéa Azouri
Changer de sexe en 47 secondes, le clic de Rania Massoud

vendredi 13 avril 2012

Pub trop marrante de Nadine Labaki

AUX QUATRE POINTS CARDINAUX- By Ronald Barakat


AUX QUATRE POINTS CARDINAUX

by Ronald Barakat on Thursday, April 12, 2012 at 9:58am ·
                                                                      (octosyllabes)

Seigneur, ils ont perdu le Nord
Ceux-là que l’on nomme des hommes;
Adam nous a jeté un sort
En mordant la maudite pomme.

Votre supplice sur la croix
N’a pas guéri de la morsure
Ce croyant qui vous dit «je crois»
Tout en rouvrant votre blessure.

La victoire sur le Péché
A sauvé nos âmes du Pire
Mais, hélas, n’a pas empêché
La propagation des vampires!

Car depuis, on s’autodétruit,
Dans un inextricable râle;
On pollue de haine et de bruit
La quiétude sidérale,

On met le Mal dans votre nom,
On cultive les arts du Crime
Qui prend des tournures sans nom,
Dont l’écho dépasse les cimes;

On se tue pour un point d’honneur,
On transforme, en croyant bien faire,
Un champ de honte en champ d’honneur,
Où jouent les forcenés de guerre.

On vous substitue un seigneur
Devant lequel on se prosterne,
Prêt à semer tous les malheurs
Afin qu’à jamais il gouverne.

Seigneur, ils ont perdu le Sud,
L’abandonnant à sa famine;
Ils lui offrent des pensées prudes,
Gardant pour eux la bonne mine;

L’armement lourd vient décorer
Leurs hangars, leurs dépôts, leurs caves,
Préférant s’entre-dévorer
Que de nourrir les ventres caves.

Certains se font chrétiens bon teint,
Posent la mitre sur leur crâne,
Tiennent des propos puritains
En fleurissant sous la soutane.

Ou bien de leur autel hautain
Nous astiquent fort les méninges,
Prêchent le bon Samaritain
Tout en ressemblant aux «trois singes».

D’autres préfèrent le turban,
Agitent l’index et la barbe,
Mettent tous les impies au ban
Et commandent qu’on les ébarbe.

Seigneur, on a perdu l’Ouest,
Lui, ses valeurs et ses symboles,
Il ne lui reste plus qu’un zest
D’humanité, rien qu’en paroles.

Il s’est fondu dans la Cité
Où il a érigé un temple
Au dieu de la Laïcité…
Et l’intégrisme le contemple.

Au Rationnel, sensé, censeur,
Il voue un pragmatique culte,
Se dit athée, libre-penseur
Derrière ses barreaux occultes.

Passionné du jeu des Nations,
L’Ouest n’est plus qu’un gong qui sonne;
Il a remis sa démission
Aux mains des Droits de la personne.

On a perdu aux quatre coins
Le respect de Dame Nature;
On a montré un plus grand soin
En maniant l’autre torture :

En s’évertuant à vicier
La faune, en flétrissant la flore;
En soufflant un air carnassier;
Et notre Dame qui s’éplore.

De pollution et d’extinction
On est passé Maîtres à vie;
Les futures générations,
S’il y en aura, seront ravies.

Les cris d’alarme se sont tus,
Étouffés par l’effet de serre;
Autour de notre esprit obtus
De plus en plus l’étau se serre.

Seigneur, on a perdu notre Est,
Les lieux sacrés de vos miracles;
Les croyants ont raté le test
En vous préférant des Oracles.

Ils s’enfoncent dans les passions,
Font bonne chair et bonne chère,
Célèbrent la résurrection
Sans rien voir de votre Lumière.

Ils conjurent leur vanité
Par des pratiques de foi vaines,
Puis regagnent l’Inanité
De leur conscience à peine humaine.

Ils se plient devant l’ostensoir
D’une manière ostentatoire,
Camouflant au grand jour leur soir:
Leur quête de luxe et de gloire.

De ces quatre points cardinaux
La mappemonde s’écartèle,
Dépassant tous les points finaux,
Toutes les limites mortelles.

Ils ont inversé l’Avenir,
Transformé les parcs en des tombes;
Seigneur, Il vous faut revenir!
Il se fait tard: la Terre tombe.

 R.B.
Meurtrière d’Espoir (à paraître)
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Le bus de Aïn el-Remmaneh se réincarne... pour mieux conjurer la guerre


Le bus de Aïn el-Remmaneh se réincarne... pour mieux conjurer la guerre

Par Gabriel N. FERNEINI | 13/04/2012
LIBAN « Et si le bus pouvait parler... ».

13 avril 1975.
Un bus transportant des militants palestiniens est la cible de tirs nourris dans le quartier de Aïn el-Remmaneh : 27 personnes sont tuées et 19 autres ont été blessées. Les Libanais (les simples citoyens du moins) ignorent alors qu’une guerre civile s’apprête à dévaster leur pays durant les quinze années à venir. Quinze ans de sang, de poudre, de plomb et d’épuration ethnique feront de « bostet Aïn el-Remmaneh » l’un des symboles phares de cette tragédie, mais, ironiquement aussi, l’un des rares traits d’union de l’histoire libanaise.

Trente-sept ans plus tard, la guerre est terminée en principe, mais le bus est toujours là, gisant, criblé de balles, rongé par la rouille, dans une aire d’exposition appartenant à l’ONG UMAM, à Haret Hreik.

En ce 13 avril 2012, UMAM veut nous prouver que l’intensité de ce symbolisme perdure dans le fond de notre conscience en lançant hier son initiative « Et si le bus pouvait parler... voyage au cœur de la mémoire du Liban et des Libanais ». Soutenue par le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et par l’Union européenne, l’ONG a choisi de passer le flambeau du symbole à un nouveau bus plus adapté et contemporain. Stationné dans les locaux d’UMAM, le nouveau véhicule, un « descendant » de la bosta d’origine, semblait attendre patiemment le début de sa mission. Un intérieur équipé de matériel multimédia diversifié détonne avec la simplicité de l’extérieur. La nouvelle mission : sillonner le Liban dans le but d’informer et de prévenir les Libanais des horreurs de la guerre, toutes les guerres. Afin de mieux accomplir cette tâche, cet ancien retraité de la ligne Beyrouth-Saïda, sera bourré d’archives laborieusement rassemblées par UMAM sur le conflit interlibanais.

« Le Liban ne pourra pas tourner la page de la guerre sans d’abord la lire et la comprendre », a annoncé Lokman Slim, directeur de l’ONG, à une foule qui comptait dans ses rangs le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, le représentant du PNUD au Liban, Robert Watkins, et le représentant de l’Union européenne, Diego Escalona Paturel.
« Étant donné que toute bonne lecture est une lecture diversifiée, il est de notre devoir d’inviter les Libanais à mieux comprendre les différents points de vue qui se complètent pour éclairer les tenants et les aboutissants de cette guerre », a-t-il ajouté avec insistance.
Le nouveau bus a réussi à dessiner de petits sourires sur le visage des quelques personnes qui y sont entrées. Histoire de guérir les plaies et les maux d’une génération et d’un peuple traumatisé, ce bus et ses accompagnateurs tenteront d’expliquer aux Libanais cette guerre qui est sortie en principe par la porte, mais qui rentre parfois le bout de son nez par la fenêtre.

Malgré ses équipements high-tech, le nouveau bus de Aïn el-Remmaneh a focalisé l’attention de tous les présents. Les pages Facebook de ceux qui se sont pressés pour le prendre en photo en témoigneront probablement.
Au moins nous sommes d’accord sur un point (de départ) de notre histoire.